Nos amis se retrouvent en excursion dans le désert de Gobi. Le voyage est rude, les revendications vont bon train… jusqu’à ce que…
Globe et moi avions déposé plainte auprès de la LDPDSADEV. Ils nous avaient dit que pour l’instant on manquait de preuves et de témoignages, Alors on devait en collecter plus pour étayer nos dires. Ça tombait bien, on était sur le départ pour une excursion de plusieurs jours dans le désert de Gobi, en van russe et logeant en yourtes. J’étais sûr qu’au retour on aurait tout ce qu’il nous fallait !
D’ailleurs, ça commençait bien. On a pris la route sous la neige, entassés avec les provisions. Et ça durait… ça durait… Ensuite, la “route” était devenue toute défoncée. On a été trimballés pendant des heures, secoués comme des pruniers, à nous donner des hauts le cœur. Mais ce n’était pas grave, tout cela ne faisait qu’apporter de l’eau à notre moulin, donc on endurait en silence.
Lors des pauses déjeuner, on avait quand même le droit de prendre l’air, mais faut voir dans quelles conditions : posés à même le sol ou sur une couverture poisseuse, en plein vent, à la merci des insectes du désert… On a été condamnés au bagne ou quoi ? On a même dû subir une tempête de sable ! On aurait cru qu’ils le faisaient exprès… Je commençai à m’interroger: est ce qu’ils veulent nous pousser à bout ? Voir ce que l’on est capable d’endurer ? Un de leurs stupides tests matériel peut être ?
Je réfléchissais à tout ça une nuit, en regardant par le trou du toit de la yourte quand Globe se mit à hurler :
“Au secours ! Trotter ! Aide-moi ! Elle me grimpe dessus ! Ses moustaches me chatouillent ! Ses griffes me grattent ! Elle va me manger !
– Mais de quoi tu parles ? Répondis-je, qu’est-ce qu’il y a ?
– Une ÉNORME souris ! Elle est sur moi ! Elle a commencé à grignoter mes sangles ! dit-il en pleurant.
– Un grand 60 litres comme toi ! Tu as peur d’une petite souris ?
– Ouiiiiiiiiii ! Fais quelque chose !”
La faible clarté du clair de lune me permit de voir qu’il ne plaisantait pas, car mon cher ami était passé du bleu dont il était si fier à une teinte verdâtre.
“Qu’est-ce que je peux faire ? lui dis-je, je suis trop loin !
– J’en sais rien ! Fais quelque chose ! Réveille les proprios ! S’ils me sauvent de ce monstre, je retire ma plainte à la LDPDSADEV ! Ou va chercher le chat ! Pourquoi tu l’as pas emmené ? Il était si gentil ! Et en plus il aurait mangé la SOURIS !”
Et c’est là que le miracle se produisit. Je ne saurais jamais s’ils ont senti la détresse de Globe, ou entendu du bruit, mais les proprios se réveillèrent et allumèrent leurs lampes frontales. Ils virent la souris sur Globe, et c’est vrai que c’était une grosse souris. Ils la mirent en fuite puis s’assurèrent que Globe n’avait rien. Pour le consoler, ils le mirent sur leur lit. Et même si je n’avais pas peur, ils me mirent également en hauteur.
Le lendemain, je discutai avec Globe de la plainte :
“Alors qu’est-ce qu’on fait ?
– Je n’ai qu’une parole… Ils m’ont sauvé de ce monstre, je retire ma plainte…
– Tu as raison… Ils ont été à la hauteur cette nuit… Je vais faire pareil… Et pour le chat ?
– Quoi le chat ?
– Tu as changé d’avis ?
– Sûrement pas ! Jamais là quand on a besoin d’eux ces sales bestioles ! Qu’il reste où il est !” Bon… J’aurais essayé !