On a beau se définir comme un baroudeur traversant le monde comme un “dur”, par moment on se sent bien seul. Il suffit d’une rencontre pour réchauffer ses fibres…

C’est dur à croire, mais ce n’est pas toujours facile d’être un sac à dos baroudeur comme moi. On a des moments de doute, de fatigue… Et puis il faut gérer les manquements des proprios et la proximité de Globe… Alors parfois je me sens bien seul et j’aimerais bien avoir un ami. J’ai failli en embarquer un récemment, mais mon cher « collègue » m’a dénoncé… Décidément, je ne le supporte pas ! Quel égoïste !

Voilà ce qui c’est passé…

On était en vadrouille sur les routes néo-zélandaises et il pleuvait. Sauf que les proprios sont réglés comme des horloges, et à midi, il faut s’arrêter manger, quel que soit le temps. Ils trouvent un petit parc peuplé de moutons. Ils me sortent du coffre en vitesse pour accéder à la glacière et filent se mettre à l’abri dans la bergerie… en oubliant de me remettre à l’abri.

La pluie était bien froide, c’était vraiment pas sympa !! Je commençais même à grelotter ! Intrigué, un agneau s’est approché de moi.

« Bonjour ! Comment t’appelles-tu ? bêla-t-il avec un accent trop mignon (imaginez un mouton anglophone parlait… et bien voilà !)

–       Trotter, et toi ?

  –       Bouclette ! et dis-moi, tu es quoi ? J’en ai jamais vu des comme toi !

  –       Un sac à dos !

  –       Un quoi ?

  –       Un sac que les humains portent sur leurs dos pour transporter leurs affaires.

  –       Ah d’accord… tu as un drôle d’accent, tu n’es pas d’ici ?

  –       Non, on voyage depuis longtemps, on vient de France, en Europe.

  –       En Europe ? C’est que j’ai de la famille là-bas ! En Irlande, tu connais ?

  –       Non ! On y est jamais allé, mais je crois que c’est au programme !

  –       Génial ! Tu m’emmènes ?

  –       Euh… Je veux bien, mais et tes parents ?

  –       Bah je leur enverrai une carte postale !

  –       Bon OK, c’est toi qui vois ! Tiens entre ici… en plus, avec ta laine tu me tiendras chaud ! Je suis très content de t’avoir rencontré !

  –       Oui moi aussi, tu as l’air trop sympa ! »

Et Bouclette s’installa dans ma grande poche. Sa laine était un délice qui me réchauffait les fibres tandis que Bouclette réchauffait mon cœur de baroudeur solitaire.

Les proprios ont fini par revenir de leur pique-nique, toujours sous la pluie. Cela m’a rendu service qu’il pleuve toujours car comme ça ils n’ont pas fait attention à la différence de poids.

Par contre, ce re-lou de Globe s’est rapidement aperçu du subterfuge. D’abord, il a vu que j’avais ouvert discrètement ma grande fermeture pour que Bouclette puisse respirer. Ensuite il nous a entendu discuter.

Il m’a regardé d’un air outré. J’espérais qu’il la boucle (pour un sac à dos, ça aurait bien quand même !), mais j’avais oublié un paramètre, c’est qu’il déteste les animaux.

Alors, il a essayé d’attirer l’attention des proprios en bougeant dans le coffre, les empêchant de le refermer en laissant pendre ses lanières en dehors… La pluie néo-zélandaise était de mon côté, parce que du coup les proprios étaient pressés de se remettre à l’abri dans la voiture.

Comme ça ne marchait pas, il a eu l’air d’abandonner. Les proprios sont remontés dans la voiture. Avant que je ne m’en aperçoive, Globe avait glissé sa lanière dans l’ouverture que j’avais laissée et a chatouillé Bouclette, qui n’a pas pu s’empêcher de bêler. J’ai dégagé Globe rapido, mais le mal était fait. Le proprio est redescendu, a ouvert le coffre et a découvert Bouclette. Mon ami ne s’est pas laissé faire ! Il s’est débattu dans tous les sens pour rester avec moi ! Jusqu’à ce que…

« Bouclette ! Qu’est ce que tu fais avec les touristes ?? Reviens ici tout de suite ! »

Penaud, il m’a lancé un regard d’excuse et a laissé le proprio le déposer par terre pour rejoindre sa Maman qui avait l’air très fâché !

Moi en tout cas, je ne l’oublierai jamais ! Et Globe, tu vas me le payer… cher… très cher!!

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admin5581

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