Décidément le continent antarctique se révèle plein de surprises et d’aventures pour nos amis sac à dos ! Que va-t-il encore leur arriver ?

Tout commença en pleine nuit. Soudainement, je tombai de la chaise où le proprio m’avait posé. Dans son coin, je pouvais voir Globe qui avait attaché ses sangles à la chaise. Est-ce qu’il savait que ça arriverait ?

Je n’étais pas le seul à être réveillé : les proprios se levaient également. Tout bougeait autour de nous. De gauche… à droite… D’avant… En arrière… Il y avait de quoi être sérieusement malade, et je remarquais d’ailleurs que les visages des proprios prenaient une teinte verdâtre.

Ça secouait, encore et encore. Qu’est ce qui se passait ? Les proprios sortirent, sans prendre la peine de me remettre à ma place.

Pendant ce temps, Globe avait l’air très content, il cachait quelque chose. Lui, le premier à avoir peur d’habitude, qui se réjouit de la situation alors que personne ne sait ce qu’il se passe ? il me manquait forcément des pièces du puzzle.

J’étais face à un gros dilemme. Parler ou ne pas parler à Globe ?

Les proprios revinrent, mais malheureusement, ils ne dirent rien qui puisse m’aiguiller. Ils étaient encore plus verts qu’en partant, avec des zones bleues, à priori ce n’était pas simple de marcher dans les couloirs quand le ciel et le sol essayaient de s’inverser. Ils allumèrent la télé sur la chaine de la webcam située à l’avant du bateau. De l’eau. Il y avait de l’eau partout. J’avais l’impression qu’on était un bouchon de liège en proie à une nature en furie. Est-ce que c’était la fin du monde ?

J’imaginais déjà mon épitaphe : « Trotter, sac à dos baroudeur et courageux, mort en service ». Mais je ne voulais pas mourir moi !

Les proprios éteignirent la télé, il faut dire que je les voyais à la limite des malaises. Même Globe n’avait plus son air satisfait. Il était plus vert que bleu turquoise, et s’il avait pu transpirer, j’aurais bien vu une petite goutte de sueur couler le long de ses fermetures.

Je serrai les fibres, mais je ne me sentais pas au mieux non plus, je dois bien l’admettre. Enfin, la voix du capitaine retentit dans la cabine :

« Mesdames et Messieurs, nous sommes actuellement dans le passage de Drake, cauchemar de tous les marins. Nous contournons actuellement une tempête, ce qui explique que nous ne soyons pas trop secoués. Cela va durer environ 36h. faites attention en vous déplaçant, et si besoin, l’infirmerie peut vous fournir des médicaments contre le mal de mer ».

J’admirai son sens de l’atténuation : Si ce qu’on vivait correspondait à « pas trop secoués », qu’est ce que c’était quand ils étaient face à une grosse tempête ?

Je vis les proprios se précipiter dehors, j’imaginais qu’ils allaient à la pharmacie. J’espérai qu’ils en faisaient aussi pour les sacs à dos, parce que 1/ Globe allait finir par être malade et expulser tout ce qui restait dans ses poches, et 2/ si je tenais encore à ce moment-là, la perspective des 36h à être balloter dans tous les sens, à ne plus savoir où était le haut et le bas, me faisait douter de moi-même.

Les proprios revinrent et se recouchèrent, sans s’occuper de nous évidemment. Ce furent les heures les plus longues de ma vie. Je fixai le canot de sauvetage de l’autre côte de la fenêtre, seul point fixe autour de moi. J’en profitais pour réfléchir sur moi-même, mon passé, mes envies pour l’avenir… Ben quoi ? ce n’est pas parce qu’on est un sac à dos qu’on ne peut pas faire d’introspection ! Enfin, on n’a pas tous les mêmes capacités car Globe, après avoir tout éjecté (elle a bon dos la tempête…), s’évanouit.

Enfin, enfin, après les fameuses 36 heures, la mer se calma. Les proprios, tout fiers, exhibaient leur certificat de survie à une tempête dans le passage de Drake délivré par le personnel du bateau. Évidemment, nous, on a eu droit à rien. Cependant, je pense que cette tempête m’a fait murir et je ne plaindrai même pas de cette injustice.

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admin5581

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